Rennes Reflets
Ouest-France
Au Lavomatic
Rennes la nuit
La vie de photographe
Photo et vidéo
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Rennes la nuit
La vie de photographe
A l’occasion du don de mes diapositives prises entre 1982 et 2002 aux archives municipales de Rennes, je tiendrai une conférence sur mon métier de photographe à Rennes et son évolution :
C’est à la demande de l’association Rennes-Poznan que je suis parti réaliser ce reportage durant 12 jours au mois d’août de l’année dernière. Ce travail s’effectuant en lien avec la Maison de la Bretagne de Poznan, je suis entré en contact avec Elzbiétà -responsable du département culturel- dont l’accueil à l’arrivée m’a semblé mitigé, et pour cause. J’arrivais en avance sans avoir prévenu et j’avais oublié les documents qu’elle m’avait envoyés…
Mon approche a été de photographier d’abord tout ce qu’un visiteur lambda découvre en premier lieu: les monuments de la place centrale -Stary rynek-, l’église paroissiale Saint Stanislas l’Évêque ou la cathédrale des Saints Apôtres Pierre et Paul. Ce dont la plupart du temps il se contente. Puis, par cercles concentriques, je me suis éloigné de ce périmètre pour m’attacher à ce qui constitue les véritables centres d’intérêts des habitants: lieux de loisirs, les commerces ou encore les entreprises (notamment la brasserie Lech). Et au fil de la découverte de cette cité j’ai tâché d’ébaucher une vision plus personnelle.
Après deux jours passés, je montrais la première série de photos à Elzbiétà qui, au fur et à mesure qu’elle les découvrait, retrouvait le sourire. Il faut dire que les premiers jours de moisson photographique dans une ville étrangère sont en général fructueux. On récolte le plus voyant et le plus spectaculaire : les monuments, les places animées… tout ce qui offre des photos immédiatement flatteuses. C’est lorsqu’on approfondit et quand on se confronte au moins convenu, au moins attendu, au moins fait pour se montrer, que le travail devient plus exigeant.
Le changement d’opinion d’Elzbiétà à mon endroit s’est opéré plus résolument par hasard lorsqu’un soir, quatre jours après mon arrivée, alors qu’elle circulait en voiture avec son mari, elle m’a vu, à la nuit tombante, m’escrimant encore à accrocher les dernières lueurs du jour sur la place Wolności. Elle est revenue sur l’idée qu’elle s’était faite d’un photographe un tantinet dilettante…
Je m’attendais à voir une ville encore marquée par son passé de ville de l’est. Ça n’a pas été le cas, j’ai été surpris de découvrir une cité moderne, qui semblait comme récemment rénovée, avec des habitants dynamiques et optimistes, épargnés par la morosité qui sévit chez nous.
A mesure j’ai construit l’exposition pour aborder les aspects les plus représentatifs de cette ville. Une ville qui bien évidemment a beaucoup plus à révéler, en particulier avec ses jeunes (je pense notamment à ceux des containers dont l’arrogante jeunesse semble vouloir tout réinventer). Et a commencé à m’apparaître, mêlés, encore de ces résurgences de l’Est, un air post-soixante-huitard, un peu de la prégnance de la religion, et aussi de la difficulté à vivre d’aujourd’hui, en même temps qu’une volonté d’en découdre avec l’avenir.
Je pressens, au vu de ce que j’ai capté par le modeste prisme de ma boite à images, que nous devrions compter avec la Pologne.
Quand j’ai commencé la photographie, en noir et blanc exclusivement, j’étais totalement imprégné de l’esprit Cartier-Bresson : photos prises sur le vif, au moment décisif, composition géométrique, pas de recadrage.
Mais avec les années les choses ont changé, il m’a fallu petit à petit abandonner le noir et blanc et laisser le Leica au placard, pour faire de plus en plus de couleur, davantage commerciale. Sans compter que l’évolution du droit à l’image (dans une certaine mesure, cependant, légitime), nous a obligé à éradiquer tout personnage identifiable sur nos photos et a fini par sonner le glas d’une photographie qui restait dans la lignée humaniste.
L’achèvement du processus de transformation s’est radicalisé avec l’arrivée du numérique qui m’a fait, comme à la plupart des photographes, franchir une nouvelle étape, pour m’éloigner encore plus de l’esprit de mes débuts. Je le regrette, mais en même temps l’évolution des technologies a rendu le travail plus facile ou quelquefois plus ludique et m’a permis d’aborder la vidéo qui m’a toujours, aussi, plu.
Les moyens techniques à mettre en œuvres sont faciles à acquérir, les ordinateurs pour le traitement de la photo permettent aisément de faire du montage, et j’avoue retrouver une sorte de satisfaction créative dans les reportages vidéo que je réalise (sur des peintres, sur l’architecture…).